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Сб. ст. под ред. В.С. Люблинского. Лаборатория консервации и реставрации документов. М-Л: Изд-во Акад. наук СССР. 1963.
Sommaire
Un monument inconnu d'art du livre:
Essais sur restauration d'une Légendaire française du XIIIe siècle
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SOMMAIRE
Cette publication poursuit uniquement le but de donner une information préliminaire sur un cas tout exceptionnel des travaux de restauration et en même temps sur l’objet de ces travaux. Car c’est un manuscrit illuminé français d’une grande valeur artistique et littéraire, resté ignoré jusqu’à nos jours.
Le Laboratoire de l’Académie des Sciences de l’URSS pour la Conservation et Restauration des documents (LCRD) renouvela, en 1959, avec succès les tentatives dont deux fois déjà, en 1932 et en 1938, désespérèrent nos devanciers en se trouvant en présence d’une brique difforme (v. fig. 2) dure et noircie.
Sa provenance s'avérait assez incertaine, mais il ne restait aucun doute que, victime d’un traitement malheureux, un livre sur vélin, après avoir souffert à cause de superhydratation et ayant été séché brusquement, devint un bloc tordu dont les feuillets s’agglutinèrent en monolithe.
Les travaux, entrepris, sur la demande de la Bibliothèque de l’Académie des Sciences en 1930, par N.P. Tihonov (le futur fondateur de notre Laboratoire en 1934, v. fig. 3), ainsi que ceux menés au Laboratoire même par N.N. Semenovič en 1938; n’aboutirent qu’à une séparation des premiers 91 feuillets (qui semblent avoir été dans un étât relativement moins déplorable et, à ce qu’il paraît, n’ont pas été collés l’un à l’autre d’une manière indissoluble comme le reste du volume). L’interruption du travail, le blocus de Leningrad (qui dispersa tout le personnel et emporta la vie du fondateur du Laboratoire), les suites de la guerre, etc., amenèrent un long oubli de cette brique. Tout cela ne servit qu’aggraver l’état du manuscrit ainsi que, toute tradition étant rompue, la tâche aussi de sa restitution ou, tout au moins, de son assainissement.
Sur le rapport du Directeur du Laboratoire, Vladimir Lublinsky, qui avait reconnu qu’il s’agissait non d’un simple échantillon parmi les parchemins «abîmés sans espoir», mais bien d’un manuscrit en français, d’une belle école aux environs de 1300 — donc d’une valeur historique de premier ordre — , le Conseil Scientifique du Laboratoire a prescrit l'entreprise des travaux nécessaires pour parvenir à rendre le manuscrit accessible à V investigation scientifique.
Etudier l’état du bloc (ainsi que des feuillets séparés), reconstruire l’historique de la destruction du volume et des tentatives antérieures, faire les expériences requises avec le parchemin, l’encre, les couleurs etc., et mener tout le travail de la séparation des feuillets — cette tâche principale a été assumée par Mme Tamara Soubbotina, chef du groupe de restauration du LCRD. Son travail dura 18 mois et a été couronné d’un succès complet en tant qu’elle réussit à séparer et conserver tous les 134 feuillets du bloc ayant toujours le plus minutieux soin de n’ajouter le moindre nouveau dommage — même du point de vue d’une technique éventuelle plus perfectionnée dans l'avenir. Il n’y avait pourtant rien à entreprendre ni pour rappeller à la vie les parties des pages entièrement détruites ou bien disparues, ni pour faire revenir à leur place originale les couleurs qui, détrempées, ont teint la surface des marges entières, ni aussi pour séparer les images des miniatures et même parfois les textes des pages voisines qui s’étaient mutuellement imprimées l’une sur l'autre (en contre-épreuve), c’est à dire dans tous les cas des processus irréversibles et terminés longtemps avant le moment de la restauration. 95
96¦ L’article de T.M. Soubbotina (pp. 6-16) traite aussi des procédés appliqués pour amollir le vélin, séparer le feuillets, fixer les couleurs etc., et de l'organisation du travail en général.
Un rôle tout spécial appartenait naturellement à la photoanalyse, sans laquelle l'aide des méthodes photographiques se réduirait à une documentation, somme toute, assez triste dans le cas. L’application sélective des méthodes analytiques décrite dans le second article (pp. 17-21), et notamment de la photographie de la luminescence du document même, excitée par les rayons de la région A (partie proche) du spectre ultra-violet, permit à Dmitri Erastov, chef du groupe de la photoanalyse, non seulement de rendre visibles beaucoup d’endroits «éteints», mais aussi de concourir, dans une certaine mesure, à la solution des problèmes péniblement embrouillés, causés par la superposition de plusieures — souvent jusqu’à quatre — figures de l'ornementation et même scènes des miniatures (v. figg. 7, 8, 10, 11 et 29-32, tables V et VI, VII-VIII).
Dans son article sur l’origine du texte et la provenance codicologique (pp. 22-79) Vladimir Lublinsky présente une description détaillée de l’état du manuscrit, tâche d’en reconstruire la série entière des cahiers (tout au moins dix feuillets il tient pour disparus) et arrive à une constatation inattendue. Quoique le classement par types des légendiers français ait été établi depuis longtemps, nous avons ici un légendier dont le contenu diffère d’une manière marquante de la grande quantité des légendiers connus. Le nombre des vies des saints (22), la liste des saints, leur disposition (v. p. 37-38), l’inclusion — au dernier lieu — d’une Passion de Jésus-Christ et, surtout, l'apparition, parmi les légendes des saints, du récit «Comment Salehesdins prist Huon de Tabarie» — tout témoigne d’une originalité dans la composition de ce recueil. Ajoutons encore que ce dernier récit est un remaniement abregé de l’ «Ordene de Chevalerie»; que la «Passion» du manuscrit nous présente une version en prose, fort peu connue, et, enfin, que le texte même de certaines vies ne correspond point à aucune des diverses traductions françaises que l'on connaît d’après les travaux de P. Meyer, de G. Paris etc., d’après la bibliographie ou d’après des renseignements aimables et obligeantes de l’Institut de la Recherche des Textes à Paris. Et si nous escomptons toutéla, il semblerait peu probable qu’on nous refuserait l'approbation de nos efforts à sauver du naufrage — et de l’oubli — chaque débris de ce monument littéraire pour une étude plus approfondie que les spécialistes, espérons-nous, ne tarderont pas d’entreprendre. L’auteur de l’article souligne l’extrême parenté d’une grande partie des éléments littéraires — et même de la méthode de traduction — avec l’oeuvre connu de Pierre de Beauvais (début du XIIIe siecle), ainsi qu’une indéniable proximité du scribe à cet entourage des barons flamands de. la dernière décade du XIIIe siècle, qui avait été formé par des croisés de 1189-1191. Tout en combinant ces traits avec les indices prêtés par la langue et l’enluminure l’on parvient à l'attribution du texte (tout au moins, de la majeure partie de ses éléments) à la seconde décade du XIIIe siècle et à la région de Beauvais — ou, pour le moins, au Nord-Est (Picardie, Artois), tandis que la confection du codex ne pourrait être postérieure au début du XIVe siècle, d’autant plus que sa parure, très soignée et d’une main sûre, correspondrait plutôt à la veille de la réforme rattachée au nom de Jean Pucelle. Des signes certains pour un atelier distinct nous manquent encore, mais des rapprochements s’imposent pour une école de Paris ou bien artésienne.
En vue d’un matériel linguistique encore insuffisant, l’auteur du dernier article (pp. 80-88), Mme Halina Sčerba, ne se permet aussi que des considérations préalables, basées sur des observations linguistiques. Le vocalisme, le consonnantisme, la morphologie, certains traits dialectologiques autorisent une détermination de la langue comme celle du NE et de l’époque comme ne dépassant pas le début du XIVe siècle, ainsi que parfois des constatations plus précises.
Aux pages 89-93 on trouvera plusieurs spécimens des textes du Légendaire.
Сб. ст. под ред. В.С. Люблинского. Лаборатория консервации и реставрации документов. М-Л: Изд-во Акад. наук СССР. 1963.